Ma pratique s’érige en réaction à un mode de vie fondé sur le consumérisme et selon lequel l’individu est continuellement aux prises avec son image. Fortement marquée par cette conception individualiste de l’existence, ma démarche artistique interroge, à partir d’une réflexion critique, différents aspects de la culture occidentale forgée par les valeurs capitalistes. Inspirée par une approche anthropologique, c’est dans une interprétation subjective du quotidien que naît ma volonté de montrer des réalités sociales souvent altérées par leur médiatisation. De là s’ensuit un travail de création jouant avec les procédés techniques et dont l’œuvre prend forme par le biais de la vidéo et la photographie, ou de la peinture et du dessin hybrides.
Parmi mes réalisations, L’arrivée (2017), création collective, est une vidéomultiécrans représentant une mosaïque d’archives personnelles et publiques. Elle tente de critiquer notre production et notre consommation d’images. L’entité obligée (2017) est un tableau dressant le portrait du couple idéal à l’ère des « baby-boomers ». Ce tableau cherche à révéler le non-sens d’une société centrée sur le paraître et l’instantanéité. Fascinée par la culture visuelle et son monopole de l’apparence, mes recherches-créations veulent résister à cette plastification du soi, comme construction culturelle, médiatique et politique.
Reflet d’une démarche multidisciplinaire aux intérêts éclectiques, les artistes qui trouvent affinités avec ma vision de l’art actuel sont tout aussi variés. Ainsi, on peut se référer aux illustrations de Norman Rockwell, au détournement de la télévision de Nam June Paik, aux typologies d’Hans-Peter Feldmann, au sampling de Christian Marclay, aux projections installatives de Tony Oursley, à l’hybridité de Yinka Shonibare, à l’approche féministe de Vanessa Beecroft, aussi bien qu’à la part d’absurdité de Patrick Bérubé. Tous prennent, d’une manière ou d’une autre, position sur une problématique en phase avec leur temps.
Siège d’une passion, d’une pensée critique avide d’interventions artistiques, l’esthétisation de la culture, notamment d’une culture en dérive, n’est qu’une stratégie parmi tant d’autres permettant de faire émerger ce qui se dérobe autrement au regard. Il s’agit, en outre, de saisir les médias de masse dans le paysage quotidien des sociétés occidentales pour en faire une matière première à la création artistique.